Vanda, opéra de chambre pour mezzo-soprano, viole de gambe et électronique

livret de Jean-Pierre Siméon

 

Pour cette partition, Lionel a travaillé sur une musique de l’intime. Il associe la vocalité instrumentale de l’époque baroque, à la matière sonore des musiques contemporaines, aux pulsations des musiques actuelles, à la puissante de l’émotion que dégage la voix lyrique.

Jean-Pierre Siméon nous dévoile dans ce texte l’histoire poignante d’une femme exilée, originaire des balkans, qui raconte à son enfant, sa vie, ses origines, son pays, ses parents, l’amour, la guerre, la violence…
Un texte profond qui met en scène la vie d’une femme exilée, son combat et son humiliation au quotidien.

 

copyright Jimmy Vallentin

Pure merveille que cette perle rare, trop rare du reste, dans un écrin d’éternité

Un opéra coup de poing

Un spectacle bouleversant

Vanda, ouvre spectaculairement la nouvelle saison des Matinées Contemporaines à l’Opéra de Reims


 

Presse

« Emotion à fleur de peau… le compositeur Lionel Ginoux nous conduit à la rencontre de Vanda, au son de la viole de gambe de Marie-Suzanne de Loye, de la voix de mezzo-soprano d’Ambroisine Bré et des ses propres plages de musique électronique. Adaptée d’une pièce de Jean-Pierre Siméon, Vanda raconte la vie saccagée d’une femme dans la guerre, prête à abandonner son bébé. L’opéra de chambre créé à l’Opéra de Reims dans une mise en scène de Nadine Duffaut ouvre spectaculairement la nouvelle saison des Matinées Contemporaines en partenariat avec Césaré. »
Dominique Bunel – Mag’Opéra #7

 

Un opéra-coup de poing. Sobre, sombre et poignant.   

Intimiste, chambriste, opéra de poche, Vanda est tout cela. D’une extrême sobriété dans les moyens visibles : une estrade, une chanteuse, une gambiste, un rideau diaphane, des projections vidéo, et comme « accessoires », une chaise, et un couffin (celui-ci se révèlera, de fait, le nœud narratif). Mais des moyens de coulisses exigeants. Et un rendu scénique qui vous met K.O. Un coup de poing dans l’oreille, dans le cœur, dans la vie. De cette tragédie ordinaire de notre siècle, on ne sort pas indemne.      

L’émotion est palpable dans la salle : gorges nouées, peut-être une larme furtive, poitrines oppressées, souffles courts. Et à la fin, l’on ne revient pas si facilement à la réalité du quotidien, un quotidien finalement bien douillet chez nous.

Car ce que Vanda nous crache à la figure, nous vomit dans le cœur, c’est le parcours terrible d’une jeune femme, jeune maman, venue des Balkans. Elle aurait pu venir d’ailleurs et se retrouver ailleurs que dans la jungle de Calais (Nadine Duffaut metteure en scène est née à Boulogne-sur-Mer), dont les images crèvent le fond de scène, terribles à force d’être banales. Mais elle est là, devant nous, une réfugiée comme tant d’autres, elle a vécu tous les drames, toutes les humiliations ; on se demande comment elle peut encore tenir debout.

Ambroisine Bré est hallucinante dans ce rôle violent, déchirant, impudique, monstrueux et tendre. Son chant vient des entrailles, nu, parfois rauque parfois caressant. Car elle a aimé et été aimée, Vanda. Et l’émotion qu’elle nous jette, qu’elle nous impose, est tellement forte, qu’elle tue tout sentiment, jusqu’à la pitié. Seul l’écoeurement, presque physique, au-delà de la pure indignation idéologique.

Quant au mariage inédit entre la musique électronique enregistrée (comme dans L’Ombre de Venceslao) signée Lionel Ginoux – jeune compositeur prolifique, initialement formé à Avignon – et la viole de gambe de Marie-Suzanne de Loye, sobre et intense en coin de scène, il souligne de façon magistrale un texte fort, dépouillé jusqu’à l’essence même de la sensation. Comme si voix, musique, texte, lumières, et présence, ne pouvaient qu’exister ensemble.

Dans le cadre intime et majestueux de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, un des lieux emblématiques du Festival In, Vanda restera un moment fort de la saison avignonnaise.

Je crois avoir la redoutable responsabilité d’être la première, ou l’une des premières plumes à rendre compte de cette production, créée à l’Opéra de Reims en novembre 2016, donnée ensuite à l’abbaye de Fontevraud en version concert, mais dont le Vaucluse n’est que la troisième étape. C’est un honneur et un bonheur, s’agissant d’un spectacle aussi intense. Nécessaire et insoutenable. Geneviève Dewulf – Classique en Provence

 

Pure merveille que cette perle rare, trop rare du reste, dans un écrin d’éternité ;
Le testament de Vanda version opéra dans l’ancien réfectoire des Chartreux à la Chartreuse de Villeneuve les Avignon.

La poésie pour dénoncer l’insoutenable lourdeur de l’être…

Comment ne pas être captivé, une fois de plus, par le poème de Jean-Pierre Siméon. Écrit sans ponctuation, comme dans un unique et dernier souffle d’agonie, le poème déroule la parole de Vanda, femme sans doute originaire des Balkans, femme immigrée, femme seule avec son bébé « Belette », dans un centre de rétention, en France. À sa « Belette », elle ne laissera pas de nom, perte d’identité nécessaire pour se « fondre dans la masse d’ici », Vanda livre ses souvenirs à l’enfant endormie, la tragédie d’une jeune vie que les hommes seuls savent salir. Et c’est le cri prolongé de la Mater Stabat Furiosa (du même auteur) qui « se tient debout et ne veut pas comprendre » la violence des hommes, leur soif de guerre, leur intolérance infinie. C’est le cri Nawal qui livre à ses jumeaux un autre testament dans les Incendies de Wajdi Mouawad (Le Sang des promesses/2).  Des textes pour la scène, parmi tant d’autres aujourd’hui, qui soulèvent les questions d’actualité, celles de la guerre qui anéantit l’individu, de l’identité perdue, de la fuite, de l’impossible intégration, du refus de cette violence faite à celles et à ceux qui n’ont pas choisi de combattre l’Autre.

L’opéra pour transmettre le monde sensible…

C’est par les mots de Vanda que l’on voyage à travers l’horreur jusque dans la fin d’une histoire d’amour au bout d’une corde. Des mots contre le viol, des mots puissants qui invectivent à la face du divin « Je crois en Dieu mais je hais Dieu / d’avoir créé le monde et avec le monde/le lieu les moyens et les raisons de la guerre » (Amen…sic !).

Faire de cet ouvrage poétique, déjà donné sur la scène théâtrale, un opéra, devient une évidence pour le compositeur Lionel Ginoux. Sensible déjà aux harmonies du poème lui-même, il choisit de nous les faire entendre davantage avec cette palette musicale qui s’accorde parfaitement à l’œuvre de Siméon, ce sont des musiques actuelles enregistrées et la viole de gambe dont nous charme, au sens littéral du terme, Marie-Suzanne de Loye qui se tient sur un bord de la scène. Une scène dépouillée ; haut rideau de fils, néons bleutés délimitant l’espace au sol, lampe nue tombant du plafond, couffin à terre, nous sommes dans un lieu de rétention, la scénographe Emmanuelle Fabre saisit au mieux l’espace vide entre deux mondes.

Derrière les fils du voilage, les projections défilent, les images proviennent de la jungle de Calais, thème d’actualité, on pense à la Syrie, à la Palestine, au Liban, à toutes les régions confrontées à l’impensable.

C’est la mezzo-soprano Ambroisine Bré qui vient peupler l’espace et chanter les maux de Vanda, chant du cygne d’une femme oiseau, légère dans le mouvement, profonde dans des variations puissantes et chaudes, graves et lyriques selon qu’elle livre et délivre son verbe vers sa « Belette ». Ambroisine Bré incarne avec une exceptionnelle intensité le chant testamentaire de Vanda, elle a ce timbre particulier qui vient épouser tous les contours de ce poème tragico-lyrique.

La mise en scène pour donner à voir le cœur de l’œuvre…

Mettre en scène ce texte pour en faire un opéra, de chambre, de l’intime au fond, c’était devoir lui donner une force alliée à une nécessaire intensité tout en évitant un pathos manifeste, garder les accents dramatiques de Vanda jusqu’à l’acmé du sentiment qui la pousse au suicide. Nadine Duffaut y parvient remarquablement avec cette intuition du texte et de la musique qui est la sienne. On lui connaît sa force d’engagement dans des œuvres opératiques plus vastes mais ici, elle semble avoir trouvé l’essence même de son expression profonde. Le genre, plus modeste qu’un opéra classique, n’en est pas moins, dans le choix d’une mise en scène sobre et puissante, un moment d’une beauté incomparable. On réécoute le texte lu, parfois à travers des larmes de dépit et d’impuissance, les mots sont portés par une musique plurielle qui vient superposer les époques, le poème s’anime au rythme des images de Calais et la parole de Vanda devient celle de toutes ces femmes qui quittent leur pays, un enfant dans les bras, un cœur qui saigne devant ce « Dieu endormi ». Déposer ses chaussures, ses « semelles de vent » qui ne serviront plus, poser le « petit caillou » près de « Petit Poucet rêveur » que deviendra peut-être « Belette », l’enfant sans identité, sans nom mais qui tient « deux soleils dans ses (tes) mains ».
Marianne Millet – Le Feuillet de l’Opéra

 

Effacer sa trace ?

« Belette » est un bébé sans nom. Vanda, sa mère, réfugiée des Balkans, échouée dans un centre de rétention français, aurait aimé lui donner celui d’Ivo, son amour accompli, là-bas… Mais elle l’a perdu, laissé au pays, brisé par la guerre, mutilé et pendu à un arbre ! « Belette » est le fruit d’un viol collectif. Vanda chante son périple, en guise de testament, et son passé si lourd à porter qu’elle refuse de le laisser en héritage… Vanda est un opéra de chambre de Lionel Ginoux, repris à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon après sa création à Reims fin 2016. C’est un spectacle bouleversant ! Parce que la jeune mezzo-soprano Ambroisine Bré (Révélation Adami 2017) s’y montre exceptionnelle dans un rôle de femme d’aujourd’hui, au bout du rouleau, perdue et lucide à la fois. Sa performance vocale et théâtrale est la marque d’une grande artiste. Parce qu’avec des moyens minimalistes, une viole de gambe (Marie-Suzanne de Loye) qui s’échappe des sentiers baroques, c’est un orchestre qu’on entend : les cordes soutiennent une écriture lyrique de toute beauté, se mixent à une bande électronique aux effets machinistes qui intensifient les élans dramatiques du texte de Jean-Pierre Siméon (Le Testament de Vanda). Parce que la scénographie (Emmanuelle Favre) et les lumières (Philippe Grosperrin) ménagent dans le carré minéral de la Chartreuse un espace de jeu idéal, à la fois clos et ouvert (illusoirement) sur une large fenêtre vidéo projetée en fond de plateau. Là défilent des plans, au ralenti, en noir et blanc, de la jungle de Calais. L’équilibre est atteint, entre le sonore et le scénique, le propos et sa réalisation. D’autant plus que la direction d’actrice de Nadine Duffaut est un modèle ! Rompue aux scènes d’opéras, la metteure en scène fait éclore, à chaque souvenir, la dimension poétique du livret tout en gardant une oreille attentive au rythme de la partition. Elle fait revivre l’horreur morbide du viol, resurgir l’amour passion, l’osmose de la jeune femme avec une nature perdue, la guerre et la fuite, les humiliations de l’exil, la tendresse d’une berceuse chantée en leitmotiv… Vanda est le cri d’un cygne, celui d’un oiseau de passage qui choisit l’oubli et l’effacement des traces. Son opéra chantera sa mémoire !
Jacques Freschel – Zibeline

instrumentation

1 mezzo-soprano
1 viole de gambe
électronique

détails

durée 65′

création 6 novembre 2016, Opéra de Reims
Jean-Pierre Siméon, auteur
Ambroisine Bré, mezzo-soprano
Marie-Suzane de Loye, viole de gambe
Nadine Duffaut, mise en scène
Philippe Grosperrin, lumière
Emmanuelle Favre, scénographie
Danièle Barraud, costumes
Arthur Colignon, vidéo

commande Act’tempo

audio

début

 

Le vent je l’avalais

 

La nuit du lendemain

Tu dors Belette

 

Quand on a roulé dans l’herbe

 

Enregistrement live lors de la création à l’Opéra de Reims

video

Captation lors de la création à l’Opéra de Reims le 5 novembre 2016

représentation

résidence musicale
Abbaye Royale de Fontevraud du 23 au 28 novembre 2015
Simona Caressa, mezzo-soprano
Marie-Suzanne de Loye, viole de gambe

résidence scénique
Opéra de Reims du 1er au 6 novembre 2016
Ambroisine Bré (mezzo-soprano)
Marie-Suzanne de Loye (Viole de gambe)

Nadine Duffaut, mise en scène
Philippe Grosperrin, lumière
Emmanuelle Favre, scénographie
Danièle Barraud, costumes
Arthur Colignon, vidéo

19 mai 2017, Abbaye de Fontevraud [version de concert]
Ambroisine Bré, mezzo-soprano
Marie-Suzane de Loye, viole de gambe

6&7 avril 2018, Opéra d’Avignon
Ambroisine Bré (mezzo-soprano)
Marie-Suzanne de Loye (Viole de gambe)

Nadine Duffaut, mise en scène
Philippe Grosperrin, lumière
Emmanuelle Favre, scénographie
Danièle Barraud, costumes
Arthur Colignon, vidéo