Un brasier d’étoiles, cycle de mélodies pour soprano et piano
dédiée à Marion Liotard

Poèmes d’Alain Borne

 

1. Il était un

2. Le rien de mon amour

3. Je viendrai

4. Dis-moi

5. Sous la chevelure

6. J’ai pensé à toi

7. Mes mains

8. J’ai vécu

 

 

 

En 2008, Marion Liotard m’a demandé d’écrire un cycle de mélodies pour soprano et piano sur le thème de l’amour… J’étais enthousiaste à l’idée d’écrire un cycle de mélodie pour soprano et piano mais j’avais néanmoins des réserves sur ce thème de l’amour. Je ne voulais pas mettre en musique des poèmes d’amour « fleur bleu »… Je cherchais donc des poèmes qui me révèlent toutes les facettes du mot « Amour » dans la joie mais aussi dans la douleur…

C’est la découverte des poèmes d’Alain Borne qui m’a décidé. J’y ai découvert des poèmes d’une rare intensité. J’ai trouvé avec les mots d’Alain Borne ce que représente pour moi le mot « Amour » : la joie, le bonheur, la fusion des corps mais aussi la douleur, l’angoisse, la jalousie… L’amour qui remplit… l’amour qui déchire…

« Alain Borne exprime une symbiose entre la quête érotique et l’aspiration à la fusion amoureuse. Il inscrit l’amour au cœur de l’humanité, l’amour et la mort se nourrissent l’un de l’autre et l’œuvre se construit sur les territoires de l’intime. La femme apparaît comme l’unique pensée pouvant donner vie au poète, même au prix de la douleur » (Philippe Biget).

J’ai travaillé pour que ma musique soit à l’image des mots d’Alain Borne, au cœur de l’ouragan des sentiments, de l’émotion qui nous envahit, qui nous brûle les yeux, qui nous dévore par la brutalité et nous apaise par sa douceur… Un cycle de 8 mélodies de près de 40 minutes, où j’ai mis sentiments et intensité poétique en musique.


« La musique de Lionel Ginoux est une musique coulant d’un magnifique volcan. Dans « Un Brasier d’étoiles », il y a cette voix qui émerge de la lave rouge et d’accords diamantés. Musique évidente, libre, incandescente, parfois lunaire, toujours lyrique, sur des vers prenants d’Alain Borne. Mélodie pure, diamant certifié. » Régis Campo, juillet 2016.


 

Presse

 

Sortie de disque — Revue Classica n°194 juillet-août 2017

4 étoiles ****
Un Brasier d’étoiles

Il y a du Midi dans ce programme. Henri Tomasi, d’origine corse, est né à Marseille. Lionel Ginoux, né en Avignon, a travaillé à Marseille auprès de Georges Boeuf. Jennifer Michel est nîmoise, et la martégale Marion Liotard, un talent très solide qui est ici bien plus qu’une accompagnatrice, s’est  formée au CRR de Marseille. […]

Les mélodies de Lionel Ginoux poursuivent une lignée qui vient de Gounod et Fauré et se poursuit jusqu’à Poulenc et Guy Sacre, avant de marquer le pas. Son langage est à la fois traditionnel, fidèle à la tonalité élargie et des repères harmoniques, mais également tout personnel puisque l’on ne saurait dire à quel antécédent il se refère. Son recueil Un Brasier d’étoiles se fonde sur huit poèmes d’Alain Borne (1915-1962), remarquable avocat-poète de Montélimar dont l’ardent lyrisme s’inscrivait en des images fortes, d’inspiration sur-réaliste – il faisait d’ailleurs l’admiration d’Aragon. Ginoux sert la chanteuse par ses longues lignes qui requièrent une technique respiratoire approfondie et de véritables moyens de soprano lyrique. Jennifer Michel, qui mène une carrière lyrique se montre absolument remarquable par la qualité du timbre, la force lyrique, la longueur du souffle, et l’art de la vocalise.
Jacques Bonnaure

 

Zibeline — septembre 2017

CD. Henri Tomasi et Lionel Ginoux : de magnifiques mélodies pour soprano et piano

Dès les premières mesures, on est frappé par le toucher sensible, profond, de Marion Liotard au piano, le dessin lyrique d’une mélodie qui touche au coeur, la langue corse magnifiée par la voix vibrante de la soprano Jennifer Michel.
[…]

Alors que nous bercent des pentatoniques redessinées au fusain d’un langage ancré dans le 20ème siècle, on reçoit un second choc, sensible, esthétique, à l’entame de « Il était un », première page d’Un brasier d’étoiles de Lionel Ginoux c’est un nouveau monde qu’on franchit, au roulis grave du piano et de ses amples résonances, au gré des itérations bégayantes… Avec Lionel Ginoux, jeune musicien d’ici aussi, gorgé de culture méridionale, on entre de plain-pied dans le 21ème siècle. Il s’inscrit, certes, dans la filiation de Tomasi, par son goût du lyrisme, de la poésie contemporaine, du théâtre, par son langage clair et accessible… Mais une alchimie singulière opère, chez lui, entre la voix et le clavier, comme si ces deux entités ne formaient qu’une cellule unitaire destinée à porter la poésie voluptueuse d’Alain Borne (1915-1965). Il y a comme une espèce de magie dans l’écriture de Lionel Ginoux : sa musique paraît harmonieuse, consonante, alors que les agrégats harmoniques sont enrichis de nombreux frottements, de dissonances qui pourraient heurter l’oreille… Il n’en n’est rien ! Les huit pièces qui forment son cycle mélodique s’enchaînent sans qu’on se lasse, au gré d’atmosphères sonores splendides, irriguées par le piano lumineux de Marion Liotard qui semble se glisser, secrètement, dans le frôlement des mots… C’est « un long corps d’étoile » dissimulé derrière une ample « chevelure » et que la voix sensuelle de Jennifer Michel caresse, vibrante…
Ce beau disque s’achève par une une mélodie lascive qui s’inscrit dans cette atmosphère de chair, de désir et de passion : « Je voudrais »… Oui, on voudrait que ce disque poursuive sa belle aventure et qu’on en parle… au fil des plumes et des palmes… ou de bouche-à-oreille !
Jacques Freschel

 

Chronique de Larry Ware — octobre 2013

Ce soir-là, on nous a servi  un grand nombre de morceaux de musique qui tous touchaient aux différentes facettes de l’amour éternel, entre haine et passion. Chez Poulenc ce fut la transcendance et le merveilleux, le partage chez Straus, la persévérance et la joie chez Ravel, l’inspiration chez  Gounod, le caprice chez Kalman et l’humour pathétique chez Offenback.
Messager, Donizetti, Bizets furent interprétés par un brillant duo. La jeune Soprano Jennifer Michel et le baryton Philippe Nicolas Martin nous ont offert pendant toute la soirée de grands moments d’émotion.
Tous ces morceaux de musique classique font partis de notre inconscient collectif.

Au-delà de l’impressionnante, parfois innovatrice, interprétation des artistes, ce soir la rien ne m’a plus interpellé que les créations étonnantes  du compositeur passionné et entreprenant Lionel Ginoux.

Une création musicale personnelle me fut présentée et j’ai dû chercher à comprendre à travers mes ressentis ce dont parlait la puissante mélodie qui émanait de l’union du piano et de la voix ardente de Jennifer Michel.

Je me sentais bien, mes yeux fermés, après avoir écouté détendu les chemins de l’amour de Poulenc, quand les premiers « coups de tonnerre » éclatèrent.
Je sursautais et fus arrache d’un assoupissement momentané. Mes yeux clignèrent et mes oreilles se mirent sur la défensive. Alors que Poulenc avait berçé mon âme d’une langueur  délicieuse, cette musique alerta mon attention et je fus partagé entre exaspération, surprise et éblouissement.

Jusqu’à ce jour je ne peux encore expliquer ce qui rend la musique de Lionel Ginoux si impressionnante et si étonnement différente. Elle nous emmène dans des espaces au-delà de notre compréhension là où le langage est se réinvente.

Le touché des doigts, d’une des plus talentueuses pianistes que j’ai eu le plaisir d’écouter récemment, électrifiait la salle. Comment cette surprenante jeune femme a pu transmettre, du clavier jusqu’à nous, l’inspiration déchainée du compositeur ? Cela est et restera sans doute un mystère. Cependant elle réussit à transmettre l’élan de la symphonie avec une précision singulière. L’écho de chaque note semblait résonner dans la salle comme le bruit stupéfiant d’une inquiétude perceptible.

Soudainement Jennifer Michel enchanta la salle de sa voix d’une inimitable intense légèreté et pour un instant calma mes sens. Cependant elle n’apaisa pas complètement ma sensation de détresse. Au contraire elle permit à cette émotion a peine palpable de nous envelopper d’une portée insaisissable et prémonitoire. Sa voix plaintive avait la faculté de soulager et d’enthousiasmer notre raison.

La musique est pénétrante, sévère et inflexible. C’est du post-moderne. Elle parle à nos peurs, mais pas seulement. Comme dans les multitudes facettes de l’amour contemporain, Ginoux évoque les épreuves et tourments de la vie d’aujourd’hui, nous offrant des intermèdes passagers de promesse. C’est honnête!

De toutes les compositions notoires et des interprétations irréprochables  que j’expérimentais ce soir-là, l’oeuvre de Ginoux me poursuit encore. Pour moi, néophyte manifeste dans le domaine de la musique, ce qui est important dans tout art, c’est d’être marqué profondément par l’expérience artistique, que nos perceptions en soient altérées et que nous ayons la capacité d’être transporter dans des endroits où habituellement nous hésitons à aller.

La musique de Ginoux pourrait être mise à l’écart par certains qui la classifierait  comme un  genre de musique classique jazzifiée. Cela serait une regrettable et simpliste. En vérité elle est très difficile à définir, c’est nouveau, diffèrent et peut irriter la sensibilité de ceux plus accoutumés à la musique classique. Elle a l’impact de déranger, stimuler les sens, de raviver notre acquitté. Son travail est déstabilisant.

Juste avant la première guerre mondiale, un autre jeune compositeur  créa un nouveau genre de musique. Quand elle fut présentée au public de Paris son œuvre vida les salles. Il y  eut une réaction d’indignation. L’audience était habituée à un autre genre de musique. La tonalité, le rythme, la cadence, la dissonance, l’intensité se heurtaient à un certain conformisme. Paris était perturbé. Paris était scandalisé. Sept ans plus tard, ce fut un succès, le compositeur fut célèbre et aujourd’hui il a la réputation d’avoir l’œuvre la plus enregistrée dans le répertoire classique. Je veux parler de l’œuvre  dérangeante et visionnaire « Le sacre du Printemps » d’Igor Strasvinsky.

L’œuvre de Lionel Ginoux sera un jour parmi les plus grands. Il a un rare talent et il mérite d’être reconnu. C’est le souhait controversé d’un aficionado enthousiaste.
Larry Ware

 

Chronique de Thierry Vagne — sortie du disque Un Brasier d’étoiles — juin 2017

Voilà un CD qui sent le Sud : Henri Tomasi était originaire de Marseille, Lionel Ginoux a fait ses études au Conservatoire de Marseille, notamment avec Régis Campo, La chanteuse Jennifer est originaire de Nîmes et la pianiste Marion Liotard eut un 1er Prix d’accompagnement au CRR de Marseille.
C’est aussi un CD qui dégage de la chaleur sans jeu de mots avec le titre de l’œuvre de Lionel Ginoux : celle de la voix de la soprano, du jeu de la pianiste et des œuvres si méditerranéennes de Tomasi.

Les mélodies de Tomasi – le premier recueil est en langue corse, si elles sont écrites dans un langage traditionnel n’en sont pas moins à la fois « simples » et entêtantes, souvent proches de la mélodie populaire (et impossible de ne pas penser à Je te veux dans le Chant de la fée des îles). Cela m’a curieusement fait penser à récent disque de chansons de Ginastera. Travail remarquable et entente parfaite des deux artistes.

J’ai d’abord entendu un peu distraitement ce CD avant d’aller plus avant et ai été frappé par le dramatisme qui se dégage du cycle de Lionel Ginoux. Le compositeur déclare avoir privilégié le texte dans son processus de création et voulu donner la primauté à la mélodie tout en la plaçant dans le contexte musical du XXI siècle. Ce cycle met en musique des textes d’Alain Borne consacrés à l’Amour.
Le cycle commence par une longue introduction pianistique virtuose et rythmique qui structurera la pièce. Avec ses rythmes virevoltants ou lancinants, le piano est toujours au service d’une ligne mélodique limpide et prenante. De nombreuses mélodies, sans parler de refrain, opèrent des retours en arrière qui contribuent à ce dramatisme. Quand le CD s’arrête on a l’impression de quitter à regret un monde onirique. Prise de son limpide.

Quelle bonne idée de confier l’illustration du CD à un artiste contemporain (Takeshi Jonoo) comme cela se faisait couramment dans les années 60, plutôt que les pochettes ineptes que l’on voit trop souvent).
Thierry Vagne

 

Les Chroniques de Benito Pelegrin – Janvier 2012

Ce n’est pas tous les jours que l’on a le privilège d’assister à la création d’un cycle de mélodies. C’est pourtant le cadeau offert au public de Marseille, au Parvis des Arts, par le jeune compositeur marseillais Lionel Ginoux, avec la complicité souriante de la pianiste Marion Liotard et de la soprano Cynthia Ranguis, à la fois interprètes et dédicataires d’Un Brasier d’étoiles. C’est le titre de ces  huit mélodies d’Alain Borne mises en musique par Ginoux. (…) Ce jeune homme talentueux, sans renier l’héritage musical classique intemporel, y intègre des apports de la musique de notre temps, de son époque, dont le jazz.
Ici, son cycle de mélodies était mis en regard, en écho, avec de grandes mélodies du répertoire, rien de moins qu’Henri Duparc et Claude Debussy. (…) C’était dangereux de mettre ainsi en parallèle une création neuve avec des créateurs géants du passé, au risque de la comparaison entre les maîtres et le disciple proclamé. Mais on saluera l’audace ou l’inconscience, mais surtout la belle honnêteté de ce jeune qui ne cache pas ses sources anciennes et éternelles.
Mais s’il s’exposait, c’était sans doute moins que son interprète vocale, la soprano Cynthia Ranguis, soumise à l’épreuve de grands classiques (…) et à celle non moins exigeante d’une création qui la sollicitait beaucoup sur toute sa longue tessiture, souvent en force et en aigus tenus à pleine voix. 
Elle donna sa mesure dans la création des mélodies de Ginoux, ce Brasier d’étoiles, sombres harmonies, dissonances, traitement parfois jazzy du piano, violentes vibrations des graves, gros bouillons d’arpèges, trilles obstinés, sur une ligne vocale cantabile parfois hérissée d’aigus comme les crêtes écumeuses d’une mer tourmentée. À part la mélodie 4, « Dis-moi… », d’une délicatesse intimiste, debussyste par la couleur transparente et la ligne simple de la voix et du piano rêveur, et la 6, trouée de silences étranges, l’ensemble est d’une violence qui n’exclut pas la langueur sensuelle parfois mais sonne de façon funèbre comme la 8, au long ambitus vocal, tragique (« J’ai vécu sans amour comme vivent les pierres… »)
Ainsi, comparée aux grands devanciers revendiqués, cette musique est contemporaine puisque d’aujourd’hui. Moderne ? le concept n’a guère de sens depuis que l’on sait que le progrès humain et artistique en ligne continue est un mythe généreux des Lumières. Aujourd’hui, on l’admet, il n’y a plus d’avant-gardes, qui étaient par ailleurs toujours dépassées : l’artiste post-moderne prend son bien où il le trouve (comme ce fut toujours le cas d’ailleurs), mais dans la conscience ironique de la vanité du prétendu progrès en art. Est contemporain ce qui m’intéresse, que ce soit des grottes de Lascaux à une création futuriste d’hier.
La pianiste Marion Liotard, rompue à la subtilité de l’accompagnement, était comme un poisson dans l’eau du début à la fin : du scintillement argentin ou ruissellement à l’infini, d’une rare délicatesse de touche dans l’Invitation au voyage au Brasier d’étoiles et ses fulgurances ombreuses, orageuses, capitaine faisant dérouler et déferler les flots presque wagnériens, orchestraux de ce piano de Ginoux, conçu à sa mesure et au large éventail de son talent.
Benito Pelegrin

instrumentation

1 soprano
1 piano

détails

durée 38′

création le 10 juillet 2010
Cynthia Ranguis, soprano
Marion Liotard, piano

audio

Jennifer Michel, soprano
Marion Liotard, piano

video

 

 

Il était un

 

Sous la chevelure

 

J’ai pensé à toi

représentation

dernier concert 8 octobre 2016 Opéra de Limoges
Jennifer Michel, soprano
Marion Liotard, piano