Ce concerto est une forme libre, courte et ramassée. J’ai voulu d’avantage mettre en avant la voix du soliste (sa vibration), par une simplicité d’écriture, plutôt que sa virtuosité. La composition de ce concerto fut spontanée. En quelques jours, j’ai écrit la partie soliste. En parallèle, j’ai annoté quelques indications pour l’orchestre (masse, mouvement, rythme, sonorité). Le deuxième temps de composition fut celui du développement de la partie d’orchestre. Le violon est le fil qui unit toute l’oeuvre. L’orchestre est plus que son écho, il est une autre entité, composée d’une autre matière. Ce concerto fut écrit en avril 2011, dans le contexte politique du printemps arabe. Le violon est la voix qui ne se tait pas, qui affronte le temps. Un très beau Concerto composé par le jeune Avignonnais (…) superbe !! (Jacques Freschel) Une écriture affirmée, sans hésitation. Le public ne boude pas, il adhère, s’enthousiasme même pour cette partition nouvelle et ovationne ce jeune compositeur (Jocelyne de Nicola) Presse Violon Diabolique Nemanja Radulovic arbore une vêture atypique de rockeur gothique au sombre absolu… jusqu’à sa longue crinière bouclée couronnant un prince de l’archet ! La nouvelle star couronnée aux « Victoires de la Musique 2014 » est animée d’un brin de folie, celui qu’il faut pour enflammer la foule… et mettre le feu à l’une des plus célèbres partitions de Khatchatourian : son Concerto (1940), fleuron du répertoire pour violon, puissant, virtuose… Dans cet exercice, tout en suspensions, expressions d’un lyrisme vigoureux, le Franco-Serbe a établi un espace de complicité avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille dirigé par la jeune cheffe Eun Sun Kim, des premières mesures à la cadence échevelée… C’est un peu en marchant sur des œufs que les musiciens ont aussi joué, en création mondiale, un très beau Concerto composé par le jeune Avignonnais, formé au conservatoire Pierre Barbizet : Lionel Ginoux. L’univers de ce compositeur, possédant un sens de la largeur sonore, n’a rien de léger : son unité de ton est sombre, tragique. L’opus procède par phases successives, dévoilant peu à peu une architecture expressive à la texture colorée. Un lent exposé thématique, chromatique, s’érige sur une trame de cordes, roulement de timbales en arrière-plan d’un tableau aux contours douloureux. De là surgit un chant ample ! On file de processus fixes, sereins, inquiétants, vers des explosions où les dynamiques pulsées et redondantes soutiennent la montée en puissance d’une danse macabre au climax bien amené, jusqu’au cri du violon de Radulovic, dans le suraigu, tentant en vain de survivre à la poussée orchestrale : superbe ! Jacques Freschel GBOpera L’Opéra de Marseille, en ce dimanche après-midi, nous avait conviés à un concert assez original, et le public ne s’y était pas trompé en venant très nombreux y assister. C’est donc devant une salle pleine que le violoniste Nemanja Radulovic, allait jouer, interpréter, ou plutôt vivre le concerto pour violon et orchestre d’Amram Khatchatourian. Il était tout à fait intéressant d’entendre ce jeune violoniste juste quelques mois après qu’il ait été nominé aux Victoires de la Musique classique, d’autant plus qu’il allait aussi créer pour nous le Concerto pour violon de Lionel Ginoux. Dernière particularité, ce concert allait être dirigé par une femme, fait assez rare pour être notifié. L’Opéra de Marseille aime créer les surprises. (…) La deuxième partie débutait avec la création de Lionel Ginoux, Les Indociles, jouée au violon par Nemanja Radulovic. Lionel Ginoux est un jeune compositeur né en Avignon en 1978 ; après des études qui le mènent de Valenciennes à Londres, et qu’il termine au Conservatoire National de Région de Marseille, il obtient en 2004, le premier prix de composition à l’unanimité du jury, Prix Sacem. Bien qu’ayant fait des études scientifiques sur le son, il se consacre à la composition et, fait assez rare, réussit à en vivre. Fortement impressionné par des compositeurs tels que Philippe Hersant, Henri Dutilleux, ou George Benjamin, il garde son propre style, influencé par ses émotions, et basé sur les rythmes et les sons. Sans apriori, il peut aussi bien être infuencé par le Jazz, que par la musique populaire. Ses oeuvres vont dans des directions différentes avec des pièces écrites pour la voix, pour instruments solistes ou pour orchestre ou choeur. Il est joué en France : Avignon, Montpellier ( Radio France ), Marseille, entre autres, mais aussi à l’étranger, Hollande, Etats Unis. Sa pièce, les Indociles, pour violon et orchestre, interprétée ici par Nemanja Radulovic, a été composée en avril 2011, à l’aube du printemps Arabe, elle est un hommage au courage et aux voix qui ne veulent pas se taire. La parole est donnée au violon solo qui fait entendre sa voix, la voix du peuple. Les couleurs jouent ici aussi leur rôle, couleurs du désert, de l’immensité. Cette oeuvre n’a pas été écrite après une commande, elle est le fruit d’une inspiration du moment. La partition pour orchestre utilise de nombreux instruments, les cordes, la petite harmonie et les cuivres, mais aussi les instruments à percussions, grosse caisse, caisse claire, toms, bongos, pour lesquels il écrit des rythmes complexes. Le ton est donné dès le début de l’oeuvre par un roulement de timbales joué piano. Les cordes créent des atmosphères étranges et les instruments solistes sont là pour faire jaillir des éclats de lumière. C’est très bien écrit, et l’on peut tout à fait ressentir les impressions voulues par le compositeur. Quelques dissonances, comme créées par la foule, et un motif répétitif joué par les violons comme une idée fixe qui revient ne couvre jamais le violon solo qui, tout au long de ce concert fera entendre sa voix, plus ou moins grave, plus ou moins plaintive, mais toujours avec ce large son généreux qui sait entrer dans les sonorités des cordes, évitant de couper les tensions. On sent une écriture affirmée, sans hésitation, qui, comme la voix du peuple, poursuit sa route sans regret et sans retour en arrière. Comme pour le concerto de Khatchatourian, on sent Nemanja Radulovic investi dans ce qu’il joue, son jeu n’est jamais extérieur. Chaque note fait partie de lui, et cette musique qu’il crée, il la comprend et la vit. Le public ne boude pas, il adhère, s’enthousiasme même pour cette partition nouvelle et ovationne ce jeune compositeur qui mérite les Bravos recueillis ; une belle récompense pour Lionel Ginoux. Jocelyne de Nicola
Les Indociles, concerto pour violon et orchestre
2 grandes flûtes (dont un piccolo) durée 18′ création le 23 mars 2014, Opéra de Marseille, Nemanja Radulovic (violon), Orchestre Philharmonique de Marseille, direction Eun Sun Kim
2 hautbois
2 clarinettes en sib
2 bassons
2 cors en fa
2 trompettes en sib
Timbale
1 percussion
violons I (7 ou 12)
violons II (6 ou 10)
altos (5 ou 6)
violoncelles (4 ou 6)
contrebasses (2 ou 4)